Un
enfant de dix ans qui pleure. Un enfant de dix ans recroquevillé
sur le pas d'une porte. Un enfant de dix ans, dehors, dans le froid,
sous la pluie, accroupi dans une mare de sang, le doigt coupé.
Exclu sous prétexte, qu'il salit ! Une honte ? Un scandale
!
Comment
une mère, un père, peuvent-ils traiter ainsi un enfant
? Un enfant comme le leur. Qu'a-t-il fait, le petit garçon,
pour devoir tant souffrir ? Pour être si malheureux ? Pour être
considéré, manipulé, exploité comme un
animal ! Pire qu'un animal : un jouet que l'on jette s'il n'est plus
amusant. Une poupée que l'on bat si on est en colère,
que l'on blesse si on est triste. Que l'on vend comme si ce n'était
personne ! Est-ce normal ? Un être en chair et en os, qui marche,
qui parle, qui pleure ; qui voit, qui entend, qui comprend... qui
ressent ! Est-il moins humain que nous ? Si vous avez des jumeaux,
vous n'en choisissez pas un pour le décortiquer et en faire
des pièces de rechange pour l'autre ! Et puis, comment le choisiriez-vous
? Au hasard peut-être ?!
Bien
sûr, plus besoin de se salir les mains à l'usine, plus
besoin de risquer sa vie pour tourner un film, plus de jaloux si tout
le monde sortait avec une Britney Spears ... mais quel ennui ! Pourquoi
ne pas envoyer votre clone a la guerre, s'y faire tuer pour que vous
puissiez vivre ? Mais pourquoi vous et pas lui ? C'est presque insupportable
de voir le même être en deux exemplaires, mais si moralement
différent.
Yannick,
le personnage de Gudule, ne connaît pas la souffrance, il vit
dans le luxe d'une existence heureuse et gâtée. Ses parents
l'aiment de tout cur et laissent passer bon nombre de ses caprices.
Le clone de ce même enfant sous le même toit est ignoré
et battu. Il vit à côté de ce qui devrait être
son père, sa mère et son frère mais est traité
comme une machine. Une machine coûteuse mais remplaçable.
Lorsqu'on se trouve face à ce scénario de l'horreur,
on craque, on a envie de crier, de pleurer, de fermer le livre, d'oublier.
Un monde dans lequel les individus vivent dans deux groupes, les uns
ont des droits, les autres ont des devoirs. Ce monde est-il juste
? Les droits de l'homme ne garantissent-ils pas les libertés
de chaque être humain tant qu'il respecte ceux de son concitoyen
? Pourquoi le sadisme, la négligence et la perversité
des dieux modernes vis-à-vis des clones ne sont-ils donc pas
punis par la justice ? Je suis bouleversée, je suis écurée
par ce qui ressemble a un possible futur et qui doit absolument être
évité.
Je
suis absolument contre le clonage, que je trouve immoral et complètement
insensé. Tout d'abord cela va contre toute éthique.
L'homme a le pouvoir mais pas le droit de pratiquer cette expérience
sur un de ses semblables, simplement par respect de ce dernier. Un
individu est caractérisé par son unicité. Si
l'on enlevait cette caractéristique, il ne resterait qu'une
sorte de coquille semblable à tant d'autres. Imaginez-vous
un monde peuplé de gens blonds aux yeux bleus, au nez droit,
d'un mètre quatre-vingts. Où serait l'originalité,
le mouvement, la surprise ? Qui serait qui ? Aucun menton volontaire
ne désignerait un individu énergique, aucune couleur
de cheveux serait typique pour une région. Aimeriez-vous vivre
dans une telle conformité?
Pour
les couples stériles, il y a la possibilité d'adopter
un des nombreux enfants abandonnés ou maltraités de
la planète. L'espèce humaine n'est pas en voie de disparition
: alors pourquoi vouloir augmenter son nombre ? Pour des raisons économiques
? Pour en faire des jouets, des prostituées, des soldats, ou
découper leurs corps en pièces détachées
? Le clone issu de cette procédure, que deviendra-t-il ? C'est
inadmissible qu'une société se permette de désigner
des individus et de les juger plus bas que d'autres.
Sur
le plan médical, il serait effectivement intéressant
de cloner, mais seulement des organes isolés que l'on garderait
en culture dans un laboratoire pour effectuer des greffes et des expériences.
Mais là encore, se pose l'essentielle question : où
est la limite ? En principe, tant que la chose ne peut pas survivre
en autonomie, on peut en faire ce que l'on veut, vu que sans nous
elle n'existerait pas. C'est seulement si elle a la possibilité
d'un fonctionnement autonome et peut ressentir et penser, qu'on ne
devrait pas la créer de façon artificielle.
Si
l'humanité dénie l'humanité d'un autre être
humain, elle perd son humanité.