La
musique dans Les Sonneurs noirs : quelles missions ?
III.a. La musique,
un art égoïste ?
III.a.1. Musique
et mission de dialogue. Les instruments.
La musique permet création et dialogue.
Tout au long du roman, Joz tente de communiquer avec Bruleh :
- Grâce à quel objet musical ? (réponses p.44-45,
chapitre 4 " le défi " et p.210 chapitre 17 "Reviens ! ")
Voici la liste des instruments dans le
roman :
-
Classez-les en deux colonnes : ceux que nous connaissons
d'un côté, et les autres.
Un tap-tap / une flûte / des prolongateurs
/ un harpamain / un harmonica / un carillon / l'harmuse.
-
Précisez la nature de chacun de ces instruments : à vent,
à cordes, à clavier, à percussion ? Avec anche ou sans anche
? (Pour vous aider, relisez la description de l'harmuse
page 131, chapitre 11, "Autres harmonies" et la
page 181 du chapitre 15, "Les sorciers noirs")
- C'est Amance qui offre à Joz le seul instrument venant
du passé : lequel ? (réponse pages 113-114, chapitre 9, "Nouvelle
donne")
- Parmi les instruments connus de nous, Joz en fabrique un
seul : lequel ? Il le fait " sonner " avec quel autre ? (pages
85-86, chapitre 7, "Le hangar des flots").
- Quel est l'instrument que le musicien offre en premier
cadeau à Bruleh ? (page 18, chapitre 1, "Rencontre").
En fabriquant des instrument, Joz retrouve
instinctivement la tradition populaire - et non savante - des musiciens.
- Qui se joint à lui pour en créer ? ( page 131, citée
plus haut )
- Avec quel instrument, cité plus haut, réinvente-t-il le
rythme ? (idem)
Un chapitre entier est consacré à L'infrachord
, décrit au chapitre 6. (Il faut prononcer le " ch " de la dernière
syllabe comme " k ", comme le " ch " de " chorale " !)
- Comment l'imaginez-vous et pourriez-vous le dessiner
?
- Quels sons reproduit-il ?(page 72)
L'infrachord est le symbole de la musique
officielle. Un concert tout aussi officiel - et payant ! - est
programmé.
- Quels sont les effets visuels et tactiles qui accompagnent
l'infrachord ? (pages 70 à 72)
- Entre rythme et puissance, que diffuse-t-il ? Et quelles
sont les réactions des participants ? (page 73).
Mis au défi de jouer du harpamain, Joz
ose proposer une mélodie (page 76).
- Comment interprétez-vous ce qu'il a suscité auprès
des auditeurs ?
III.a.2. Musique
et mission pacifique de rapprochement.
Joz réinvente la musique traditionnelle,
mais également sa transmission, en l'alliant à la danse et à la
voix. Or la voix n'est pas reconnue comme instrument à Holoss
!
- Quel est le rôle de la danse collective dans cette
renaissance ? (page 87, chapitre 7, "Le hangar des flots"
: Bruleh danse, puis Allia).
- Décrivez cette danse collective ou relevez quelques passages
qui vous ont frappés, notamment pages 182-183, lors de l'arrivée
des amis chez les Sorciers noirs, chapitre 15.
La musique permet l'improvisation des
Sonneurs noirs qui chantent en chœur et dansent en rond - et non
pas en couples - lors de la fête ( pages 190 à 193, chapitre 16).
- Cette musique est-elle une copie du passé ou un
art nouveau ?
- Réagissez aux propos de Bruleh qui explique à Joz le
changement apporté par sa musique, page 220 , fin du chapitre
18.
- Après la lecture des pages proposée ci-dessus, précisez
quel rôle joue la musique associée à la danse et à la chanson.
La musique permet un rapprochement social.
Ainsi, les habitants du cercle 1 de Holoss se déplacent à l'extérieur
pour danser. C'est la musique encore qui lie très étroitement
Joz et Amance, l'étranger ( page 113, chapitre 9 "Nouvelle
donne" ou encore pages 134 à 137, chapitre 11, "Autres
harmonies").
Mais ce sont les concerts surtout qui
rassemblent.
- Comparez le concert du hangar des flots, payant
( pages 72-73, chapitre 7) et celui de l'Eole (chapitre 17).
- Qu'est-ce qui a changé : autres instruments, attitude
du public, prolongateurs ?
- Dans les deux cas, qu'apporte la musique à ceux qui
l'écoutent ?
La musique n'a pas de frontières.
- Comment comprenez-vous la mission de l'Eole telle
qu'elle est décrite dans l'épilogue ?
Terpso, d'où vient Bruleh, est l'une
des villes flottantes autour de Holoss.
- On peut rapprocher ce nom de celui de Terpsichore
: mais qui est ce personnage ?
III.a.3. Musique
et mission de langage universel.
La musique transmet aussi des émotions.
- Relisez les pages 181 et 182 (chapitre 15, "Les
Sorciers noirs") : Joz joue de l'harmuse pour s'allier
la tribu; il pleure... Mettez ce passage en parallèle avec
le texte de George SAND, extrait des Maîtres Sonneurs,
4ème veillée, (Folio classique n°1139, pages 116 à 118)
"Il
regardait Brulette qui s'était appuyée contre une chaise
et qui avait la figure tournée du côté du mur.
Comme
elle ne disait mot, Joset fut pris d'une flambée de colère,
soit contre elle, soit contre lui-même, et je le vis faire
comme s'il voulait briser sa flûte entre ses mains; mais,
au moment même la belle fille regarda de son côté, et
je fus bien étonné de voir qu'elle avait des grosses larmes
au long des joues. Alors
Joseph courut auprès d'elle, et, lui prenant vivement
les mains:
- Explique-toi,
ma mignonne, dit-il, et fais-moi connaître si c'est de
compasslon pour moi que tu pleures, ou si c'est de contentement?
-Je ne
sache point, répondit-elle, que le contentement d'une
chose comme ça puisse faire pleurer. Ne me demande donc
point si c'est que j'ai de l'aise ou du mal ; ce que je
sais, c'est que je ne m'en puis empêcher, voilà tout.
- Mais
à quoi est-ce que tu as pensé, pendant ma flûterie? dit
Joseph en la fixant beaucoup .
- A tant
de choses, que je ne saurais point t'en rendre compte,
répliqua Brulette.
- Mais
enfin, dis-en une, reprit-il sur un ton qui signifiait
de l'impatience et du commandement.
- Je
n'ai pensé à rien, dit Brulette ; mais j'ai eu mille ressouvenances
du temps passé. Il ne me semblait point te voir flûter,
encore que je t'ouïsse bien clairement; mais tu me paraissais
comme dans l'âge où nous demeurions ensemble, et je me
sentais comme portée avec toi par un grand vent qui nous
promenalt tantôt sur les blés mûrs, tantôt sur des herbes
folles, tantôt sur des eaux courantes ; et je voyais des
prés, des bois, des fontaines, des pleins champs de fleurs
et des pleins ciels d'oiseaux qui passaient dans les nuées.
J'ai vu aussi, dans ma songerie, ta mère et mon grand
père assis devant le feu, et causant ded choses que je
n'entendais point, tandis que je te voyais à genoux dans
un coin, disant ta prière, et que je me sentais comme
endormie dans mon petit lit. J'ai vu encore la terre couverte
de neige, et des saulnées remplies d'alouettes, et puis
des nuits remplies d'étoiles filantes, et nous les regardions,
assis tous deux sur un tertre, pendant que nos bêtes faisaient
le petit bruit de tondre l 'herbe ; enfin, j'ai vu tant
de rêves que c'est déjà embrouillé dans ma tête; et si
ça m'a donné l'envie de pleurer, ce n 'est point par chagrin,
mais par une secousse de mes esprits que je ne peux point
t'expliquer du tout.
- C'est
bien! dit Joset. Ce que j'ai songé, ce que j'ai vu en
flûtant, tu l'as vu aussi! Merci, Brulette! Par toi, je
sais que je ne suis point fou et qu'il y a une vérité
dans ce qu'on entend comme dans ce qu'on voit. Oui, oui!
fit-il encore en se promenant dans la chambre à grandes
enjambées et en élevant sa flûte au-dessus de sa tête;
ça parle, ce méchant bout de roseau; ça dit ce qu'on pense;
ça montre comme avec les yeux; ça raconte comme avec les
mots; ça aime comme avec le coeur; ça vit, ça existe !"
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