Reconstitution de texte
("Liz appuya (…) me recueillir ? ", pp. 131-132)
- Un pli d'amertume tordit ses lèvres. Il passa la main sur
sa joue râpeuse. Eut un soupir qui s'acheva en demi-sanglot.
- Mon destin était tracé, Liz. J'aurais tout fait pour y échapper
! Mais Cheno ne me lâchait pas, tu comprends ? J'étais plus que
son fils : son invention, sa création, sa chose… son prisonnier.
Pire : comme il me l'a un jour révélé, je ne m'appartenais
pas. J'étais l'espoir des générations futures. Donc l'otage
de l'humanité.
- - Pas grand chose. Je ne pouvais m'échapper qu'une heure
ou deux. Toujours la nuit. Je n'avais ni pièce d'identité ni carte
de crédit.. Je me promenais dans les rues. J'essayais de parler.
Avec des filles. Ou des fêtards nocturnes. J'aurais voulu me faire
des amis. Je n'y suis jamais parvenu.
- - Où ? Chez qui me réfugier ? Ma fuite aurait été révélée.
Mon sauveteur aurait vite deviné qui j'étais. Qui aurait pu me
recueillir ?
- Liz appuya sur la touche de validation. Et le taxi démarra.
- Maintenant, dit-elle en se tournant vers Lüber, j'aimerais bien
que tu m'expliques ...
- Liz réfléchit. Elle n'avait jamais envisagé la chose sous
cet angle.
- Son compagnon était pâle. Il transpirait. Sa détermination
et son énergie semblaient s'être évanouies.
- Cette issue, avoua-t-il d'une voix blanche, je l'ai découverte
à treize ans. Bien sûr, ni Cheno ni aucun de ses collaborateurs
n'étaient au courant.
- - Tu comprends, Liz, ajouta-t-il d'une voix tremblante,
j'étais terriblement seul. Surveillé en permanence. Examiné. Testé.
Surprotégé. Et ce n'est pas… l'Überweibchen créée par Cheno
qui aurait arrangé les choses.
- - Tu quittais donc l'Hugemo ?
- - Pourquoi ne t'es-tu pas enfui ?
- - Oui. Oh, mes gardiens savaient bien que j'allais parfois
me réfugier dans ces anciennes réserves ! Ils toléraient mes fugues.
Parce qu'ils n'imaginaient pas que je quittais l'institut.
- C'était complètement fou ! Ainsi, depuis des années, Lüber
Mensch se risquait clandestinement dans la capitale. Il aurait
pu mille fois se faire agresser. Blesser. Racketter. Assassiner
!
- Ah, si les écoliens avaient soupçonné une seconde …
- - Et que faisais-tu ?
- - Je les haïssais ! cracha-t-il. Je les haïssais tous. Et
Cheno encore plus encore que les autres. "
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